07 juin 2010

MOTS À MAUX

Cette semaine, pour mes mots de la semaine, j'ai décidé de vous laisser un petit texte que j'ai écris récemment:


LA SOLITUDE

Celle qui prend à la gorge et que l'on refuse de partager. Parce qu'elle ferait trop mal. Et ça, on le sait, parce qu'à soit, elle a déjà prit place dans les entrailles, effronté, malicieuse, sans égard surtout.

Solitude finale. Celle que l'on sait ancrée à jamais, jusqu'à la fin justement. Elle sait que l'on en dira rien. Parce que c'est une solitude qui part avec la mémoire, l'Alzheimer quoi. Mais de ça aussi on en a peur. On a vu, déjà, des amis perdre leurs souvenirs, ce qui leur restait de plus intime. On sent le regard des autres aussi, ceux qui nous scrute, celles qui jurent de ne pas si laisser prendre. Et lorsque l'on se surprend à raconter un souvenir, ces amis, ses frères et sœurs, nos enfants même, doutent, tout simplement. Alors, comment être pris au sérieux.

Pourtant, il y a de bonnes journées. On a alors l'impression que les regards autour de nous sont moins fuyant, des visages qui espèrent soudainement. Mais le soir venu, on se surprend à craindre le sommeil. Parce que demain, la réalité pourrait être toute autre, le mauvais jour au levé.

Est-ce que c'est ça l'Alzheimer! Enfin, personne n'y est allé et en ai revenu pour nous le raconter. Moi, je m'imagine que c'est comme ça. Je ne sais plus trop quoi en penser. Une chose que je sais toutefois, c'est la colère qui est en moi. Le désarroi devant cet homme que j'aime bien. J'ai peine a m'imaginer qu'il se rappel de moi à l'occasion et que bientôt, je ne serai même plus dans ses souvenirs.

Le petit cul qui se levait tôt pour l'avoir a lui tout seul. Je le rejoignais dans la balançoire quelques minutes avant qu'il ne parte pour le travail. Celui qui se battait avec ses frères pour avoir la place sur ses genoux afin d'écouter les matchs de lutte le dimanche après-midi, lorsqu'enfin nous avions notre télévision à nous. Nous ne nous sommes jamais disputé. Je respectais le père qu'il était et il respectait le gamin, puis le jeune homme que je devenais.

Mais voilà, le mot souvenir a perdu toute sa définition, et moi, bien de mes illusions.

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