Eliott est venu passer un peu de temps avec grand-papa hier, et on a fait plein de choses. Entre autre, prendre un peu de soleil :
On a soufflé sur les pissenlits en fleur :
Et on a travaillé dans le jardin ...
... très très fort !
Pour le plaisir des mots et des images. Pour mes opinions aussi, à l'occasion, pour le simple but de réfléchir. Je n'ai plus cette prétention d'être politicien, mais je demeure politique. Bienvenue!
L'école
idéale transmettrait à nos enfants une éducation manuelle,
artistique, intellectuelle, sportive, sociale et spirituelle. Favorisant
l'apprentissage manuel, artistique et les jeux libres extérieurs dans les
jeunes années, elle incorporerait à mesure que l'enfant avance en âge les
différents apprentissages. L'enseignement intellectuel et spirituel ainsi
que les activités sportives et sociales fleuriraient pleinement durant les
années du secondaire pour ensuite se tourner vers les disciplines
sociales, la science, la philosophie, la littérature et le savoir
technologique dans les études supérieures. Tout au long du curriculum, les
activités artistiques nourriraient la sensibilité et les compétences
croisées. Les enfants devenus de jeunes adultes seraient initiés à la
passion de l'apprentissage et leurs esprits curieux et jubilatoires
seraient nourris de perspectives globales par des penseurs créatifs
possédant une connaissance générale et un savoir spécialisé dans des
disciplines choisies.
L'école
serait gratuite et l'on exigerait de nos étudiants une grande
implication et un engagement à amener la société un pas en avant en
joignant leurs esprits futuristes à ceux de leurs professeurs, nés trente
années plus tôt qu'eux. On les encouragerait à dépasser leur maître dans
les années d'études supérieures.
Le fait de
fréquenter l'université permet d'acquérir les clés de la société actuelle
et de prendre le relais dans la grande marche de l'évolution. Nous leur
passons le bâton de la connaissance pour qu'ils le donnent à la prochaine
génération. Nos ancêtres initiaient leurs jeunes à leurs métiers à travers
un apprentissage de maître à disciple ou encore de père en fils. Les
années d'apprentissage n'étaient pas rémunérées et l'on n'attendait d'eux
qu'ils travaillent et apprennent les rudiments d'un métier ou d'un art
pour un jour y exceller. Alors il pouvait prendre la relève et s'établir.
Cela permettait la continuité du monde.
De nos
jours, l'université est maintenant l'institution qui transmet le savoir.
Notre gouvernement actuel a décidé d'augmenter les frais de scolarité au
niveau universitaire de 75% pour les cinq prochaines années, alléguant que
les étudiants doivent payer leur juste part. Est-ce qu'en payant un
étudiant fournit sa juste part ? J'en doute, car les étudiants ne
possèdent pas l'argent. Celui-ci est l'apanage de leurs parents pour
certains. On ne peut pas leur demander de fournir en juste part quelque
chose qu'ils ne possèdent pas. On peut exiger une part réelle au
niveau du rendement, du temps consacré à leurs études, de l'implication
dans les activités universitaires, de la créativité, d'un travail bénévole
dans la société, etc. Ils sont en mesure alors en mesure de donner leur
juste part. On peut exiger d'eux ce qui leur appartient, soir leur temps,
leur créativité, leur intégrité, leur passion, leur contribution sociale,
leur intelligence, etc.
Quand on
exige des étudiants de faire leur juste part en s'endettant sur de
l'argent qui appartient au futur, le message est que le présent ne suffit
pas à nourrir le présent. On hypothèque le futur. On dépasse la
limite, le cadre de ce qui est disponible. On crée de l'inquiétude, car
on ne sait pas ce quoi sera fait demain. On le fait par ailleurs avec
notre terre en ne la protégeant pas pour les prochaines générations. Donc
on dit: « Chers enfants vous endetter pour vous cultiver et vous
instruire est une bonne chose, cela vous permettra d'avoir des emplois
bien rémunérés par la suite ! » Petite leçon d'économie pratique
sans queue ni tête. Cela me rappelle la fable de La Fontaine, La
laitière et le pot au lait, que nous apprenions par cœur au
primaire.
Il est vrai que les années de scolarité sont plus nombreuses et cela oblige les contribuables à soutenir les enfants plus longtemps qu'auparavant. Mais de toute façon ils vivront plus vieux, ils travailleront plus d'années et paieront plus d'impôts dont une partie servira à rembourser les dettes des générations précédentes. De plus les acquis que la société québécoise des quarante dernières années qui ont permis aux jeunes qui provenaient de la classe ouvrière d'accéder aux études universitaires, ont changé complètement le visage politique et social. L'accès aux études universitaires a permis aux Québécois francophones de prendre la tête des entreprises et aux femmes de s'émanciper. La présence dans les postes de décisions de personnes venant de toutes les couches de la société crée une démocratie plus représentative et dynamique. Désirons-nous perdre ces acquis ?
C'est assez
étrange qu'on nivelle par le bas les exigences dans nos écoles publiques,
que l'on favorise de plus en plus l'école privée et qu'on veuille aussi
réserver l'université à une classe de gens plus aisée. Quel est le message
? Quels citoyens désirons-nous former ? Des incultes, des esclaves
spécialisés et endettés ou des hommes et des femmes libres, instruits,
créatifs et engagés dans la société ?
En tant que
parents de cinq enfants maintenant tous de jeunes adultes nous avons pu
contribuer au coût de leurs études supérieures, malgré de faibles revenus.
Avec cette augmentation de 75%, faudra-t-il en revenir à choisir
parmi eux, arbitrairement, celui ou celle la plus apte à
réussir?
Le climat à
la maison avec un jeune de 18 ans en grève depuis dix semaines est pesant.
La quiétude familiale est troublée au même titre que la paix sociale. De
retour d'une manifestation violente au cours de laquelle, un jeune s'est
fait briser une jambe par les matraques des policiers soutenus par les
applaudissements des travailleurs, il me faisait part à l'heure du souper
de sa déception, de sa frustration, de son impuissance et de son désir de
répondre par de la violence. J'étais assise à la table me disant qu'il
fallait que je soutienne ce jeune dans cette démarche revendicatrice et
juste tout en étant persuadée que la rage n'aiderait en rien leur cause et
aussi pourrait lui faire du mal à lui et aux autres, tout en éloignant
leurs appuis. Cependant ma peur de la violence m'empêchait d'avoir une
discussion sensée car j'étais émotive. On ne peut être un mentor pour un
jeune de dix-huit ans quand on vit de la peur. On n'est alors plus
crédible à ses yeux. Ils ont besoin pour s'émanciper d'adultes
courageux.
J'ai bien
senti mes limites à pouvoir l'aider dans cette réflexion. J'ai alors eu
l'idée d'inviter à un ami historien ayant une longue feuille de route de
revendications sociales à venir discuter avec lui. Il lui a donné un cours
101 de révolution. Il a pris le temps de placer cette grève en contexte.
Il lui a fait prendre du recul par rapport à cette bataille importante que
les étudiants mènent présentement. Dans quel cadre social et politique
s'inscrit-elle ? Quels sont les enjeux et les partis en cause ? Qu'est-ce
que la démocratie et est-elle respectée dans ce conflit ? Il lui a
expliqué qu'on peut parfois devoir se replier, comme dans les moments où
les policiers te chargent, mais que cela veut dire se mobiliser pour des
actions gagnantes par la suite. Perdre une bataille n'est pas perdre la
guerre. Il lui a suggéré de ne pas tomber dans la violence, car
cela ne servirait pas leur cause. C'est différent dans des
mouvements révolutionnaires quand les enjeux sont primordiaux et que le
peuple a beaucoup souffert. Finalement, il lui a permis de regarder la
carte actuelle du territoire québécois social et politique d'un peu plus
loin, de zoomer plus grand. Il lui a parlé de l'importance d'identifier
les alliés et de composer avec la présence des personnes en désaccord. Les
étudiants doivent revendiquer l'appui des groupes sociaux comme les
syndicats et les associations professionnelles, communiquer leurs
revendications au plus grand nombre possible et de ne pas lâcher. Leur
cause est juste.
Nos jeunes
participent actuellement à la plus longue grève étudiante de l'histoire du
Québec. Ils réfléchissent à l'éducation, à la connaissance, à l'équité
sociale, au diplôme, au rapport avec les élus, à l'endettement, à leur
implication dans la société. Ils apprennent l'art de la guerre, de la
parole et de l'écoute avec ses rapports de forces et la nécessité de
réflexion pour que les actions soient stratégiques et porteuses de
changements positifs.
Je suggère
au gouvernement un moratoire de trois ans sur la hausse des frais de
scolarité. Je leur demande d'organiser des états généraux sur les études
supérieures avec les étudiants, les professeurs, le personnel
administratif et les citoyens. Nous payons des politiciens pour qu'ils
assurent le bonheur, la prospérité et l'harmonie dans notre société et en
ce moment ils s'en remettent au pouvoir judiciaire. C'est désolant
!
Bravo à
tous ces jeunes et svp ne tombez pas dans la violence, malgré le manque
d'écoute de nos élus à votre égard. L'absence d'échange et d'écoute
entre deux partis qui s'opposent dans un enjeu crée un grand fossé de
solitude et d'irréalité. Tout est relié sur cette terre et les
liens maintiennent la
vie.
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