FROID DURE
Par un bon matin, où régnait un grand froid
hivernale
Je quittai très tôt la maison pour un
rendez-vous au garage
Sur place je remis les clés, et à pied je
poursuivi mon voyage
Pour l’instant, mon histoire peut vous paraître
bien banal
Mais suivez-moi, attachez bien votre tuque et
couvrez vos mains
Vous verrez que j’en ai appris des choses sur
mon chemin
Le jour débutait et il faisait bien froid
Mon seul repère fût le petit centre d’achat
Déjà, des gens bien plus âgés que moi
Y prenaient leur café ou faisaient les cent pas
Ayant quelques heures à dépenser
Mais à peine 20 dollars pour consommer
Je fis la tournée des boutiques encore fermées
C’est moins dispendieux ainsi, faut l’avouer
Rapidement, j’avais fait le tour des lieux
Autour de moi, tous me semblaient bien vieux
À boire du café et causant de sujet trop
sérieux
Je me disais que je pouvais certainement faire
mieux
Mais voilà! J’avais du temps à abattre
Et se tourner les pouces, trop plate
Avec un bon livre, je me suis attablé
Sirotant un café, dans l’aventure je me suis
glissé
En un instant, j’étais un nouveau personnage
En d’autres lieux, au moyen âge
Dans un château merveilleux, au centre du
paysage
Avec les guerriers, le fou et les sages
Et bientôt, plus de café, tasse vide, fini
La concentration ni est plus, trop de bruit
Le pas-fin du quartier dans son coin me sourit
Pour les autres clients, le dialogue se
poursuit
Alors je porte enfin attention autour de moi
Ça parle de politique et de toutes ces lois
Des jeunes qui ne foutent plus rien, n’ont foi
La famille qui ne nous visite plus, tout pour
soi
Y a Hector qui a pris son coup de mort
Janine a le cancer, pas mieux comme sort
Et puis la grippe, on ne se sent pas fort
On allonge la liste des médicaments, encore
J’avais l’impression d’être un simple voyeur
A écouter les doléances et leurs malheurs
Il était temps que je me pousse pour l’heure
J’ai mis mes gants et mon capot
Me suis rendu sur le bord de l’eau
Prendre une bouffé d’air, fait si beau
Les oies blanches et les bernaches
s’assemblaient
On aurait dit une danse des grands ballets
L’eau faisant écho, le son amplifiait
Y aurait conseil au troupeau, ça jacassait
Le froid ne semblait pas les déranger
Il y avait le grand départ à préparer
L’eau n’étant pas gelé servait de garde-manger
Ainsi loin de la berge, point de danger
Si ce n’était d’être dehors, sous le pont
A si méprendre, et j’aurais bien raison
Je me serais cru de retour à la table ronde
Du petit café et de tout son beau monde
C’est à ce moment que j’ai réalisé
A quel point je ne peux me résigner
D’arrêter de travailler, d’écrire ou de me
promener
Et me retrouver chaque matin ainsi attablé
- Denis Roy
- Denis Roy
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