08 mars 2018

BONNE FÊTE



Pour la journée de la femme, voici une poésie que j’ai composé pour une femme qui s’est tenue debout comme un phare devant les incessantes vagues de la vie et qui vient tout juste de terminer son dernier traitement de radio hier.

À Loulou la Lune

LOULOU LA LUNE

Loulou la Lune
c’est aussi un peu mon histoire
c’est aujourd’hui c’est demain
mais beaucoup d’hier
car jadis pour ce gamin
c’était le chemin
et il était Pierrot la Lune

Pour moi elle était aussi
cette pizza faite de presque rien
parce qu’une pizza ça fait du bien
Des jeux comme pas d’autres
parce que je ne pouvais imaginer
y jouer avec quiconque d’autre
Une chaude couverture
comme un bonheur comme culture
Un ourson qui prend soins
à qui l’on peut tout dire
ou ne rien dire
avec un sourire en coin

Y a que dans les yeux d’un enfant
qu’un individu qui de faiblesse semblant
pour celle et celui qui regarde de haut
pourra tout de même être un héro

Ah ! Si la sagesse savait être sage
et ne pas être qu’image

Mais elle …
… de tous les temps
a le geste doux et fragile
Caméléon de ses printemps
et sa ténacité agile
sans le savoir
bouscule son quotidien
d’épines de rose à pétales courageuses
et se laisse couler dans un bain
où tout de même
s’épanouie la naufrageuse

Ses voyages où enfin seule
elle égare chaque moment de vertige
oublie la tristesse aux mains de bégueules
pour courtiser un sentier de brise
surfant dans son monde divague
contournant le malaise
qui la voudrait pour cible
écrivant chaque page
de sa nouvelle bible
déjouant le charognard et sa dague

De ses départs sans avertissement
ayant en main l’unique forfait
sans le savoir affronte l’asservissement
pour en faire son monde parfait

La lune est somptueux château
et si lointaine et petite cette terre
Elle n’hésite à prendre le vaisseau
chaque fois qu’on lui dit de se taire

Aujourd’hui pour elle
nouvel affront au bal
on lui a coupé les ailes
à cause de ce trop célèbre
et triste mal

Mais je prie à genoux
pour qu’elle s’imprègne de son monde
où elle est si forte
puisse-t-elle évincer ce méchant loup
et ses mille frondes
pour que de brisures se réconforte

Et moi je suis sans repère
je n’ai pas cette somptueuse résidence
parmi les mille étoiles tout là-haut
je ne suis que sombre colère
à grand coup de poing dans la résilience
même si je sais que j’ai tout faux

C’est qu’elle est chère à mon cœur
Loulou la Lune et son sourire
et j’ai mal à mon p’tit cœur
lorsqu’elle doit affronter ses peurs
pour vaincre le satire

Bien que je sache
que tu vas y arriver …

… et moi
je ne serai plus triste

Denis Roy
Saint-Jean-sur-Richelieu

05 mars 2018

MOTS À MAUX



Il était une fois
ma bouche égoïste
mes doigts sans retenus
un conte rougissant
dans la vallée
de ses moites contrées
- Denis Roy

et puisque nous fêterons la journée de la femme cette semaine, mes mots de la semaine sont évidemment des mots de femmes :

1.
Hier je m’étonnais de vivre
un grand amour de mer sauvage
veines de désir et de chair
capables d’étrangler la mort
et d’éblouir ma vérité
- Reine Malouin dans Étonnement

2.
Si jadis, j’accrochais un pan de mousseline
Dans la forêt aimée aux aiguilles des pins,
Maintenant dans la vie, au hasard des chemins,
C’est un pan de mon cœur qui s’arrache et s’incline
- Cécile Chabot dans Vitrail (1939)

3.
Quelle Syrene hors du sein ce chant pousse,
Qui decevroit le caut Prince de Grece*?
Quels sont ces yeus mais bien quel Trofée est ce,
Qui tient d’Amour l’arc, les trets et la trousse?
- Pontus de Tyard dans En contemplacion de Louïze Labé
* le rusé Ulysse qui résista au chant des Sirènes

4.
L’air lui-même semblait presqu’immatériel,
Et d’immense horizon, l’infini, l’éternel,
M’entraient au fond du cœur avec le vent du large!...
- Blanche Lamontagne-Beauregard dans La chambre (Ma Gaspésie, 1928). Elle fut la première femme acceptée en littérature à l’Université de Montréal

5.
C’était l’heure où, quittant la maison toujours pleine,
- Ruche sans nul repos – de murmures humains,
À pas lents, toutes deux, nous prenions les chemins
D’ombre et de solitude allongés sur la plaine
- Jacqueline Francoeur dans Sérénité (1935)

6.
Jamais je n’aurais dit sa soyeuse paupière
Qui sur ma joue épandait sa douceur
Plus perfide à ma chair que le vent, la lumière,
Écartant de leurs doigts la tunique des fleurs
- Medjé Vézina dans Silences lourds de joie

7.
sur les branches les écailles du grésil
cueillent des escarbilles de soleil
écharpe de l’hiver
- mon amie Monique Pagé

8.
La lumière de l’espoir
Trace à nouveau son chemin
Dans les méandres du futur
Qui s’ouvre devant moi
- mon amie Thérèse Duvieusart dans Poudrerie

9.
Et pouvais-je lui pardonner
L’éloge amoureux que tu en faisais?
Regarde, il lui plaît d’être triste,
Dans la parure de sa nudité
- Anna Akhmatova dans La statue de Tsarskoïé Siélo

10.
Je laisse le vent souffler sur mon bureau
il feuillette mes blocs, se choisit le plus beau
Peut-être un de ces vers, qu’entre autres j’aime
Traçant un nouveau chemin, à mon poème
- mon amie Monique Gentilhomme dans Dès le matin

11.
Au gré des dernières lueurs
Revit l’enchantement de nos corps
Dans l’abandon à l’ivresse
- mon amie Danoue courtemanche dans Félicité

12.
Si je pèche parfois, c’est que tu fis trop beaux
Les astres et la terre;
Trop tendres les avrils et les juillets trop chauds
Et mon cœur trop sincère
- Raphaëlle-Berthe Guertin dans Puisque c’est toi (1935)

13. Ton violon, André, c’est le violon des givres, de l’engrangement du blé, des neiges qui tourbillonnent – le violon des cadeaux sous l’arbre de Noël, de la veillée du jour de l’An pis de la partance au chantier – Roxanne Bouchard dans Whisky et Paraboles

et des images du petit village de Mystic :









Pour celles et ceux qui suivent mes activités littéraires, je serai à la Librairie Moderne de Saint-Jean-sur-Richelieu le samedi 10 mars de 10h à 14h pour une rencontre avec le public et une séance de dédicaces de mon nouveau recueil.