11 novembre 2020

ENTRE TOIT ÉMOI

Ne jamais oublier ….


. plusieurs sœurs et frères d'arme

se retrouvent dans nos rues

ayant perdu espoir et repère


se disent-ils

la société nous a-t-elle

tournez le dos?


Moi, je n'oublie pas …


 

09 novembre 2020

MOTS À MAUX

Voici mes mots de la semaine … et puisque nous serons le 11 novembre dans quelques heures, mes mots de cette semaine seront consacré au monde des soldats, de mes sœurs et frères d'arme, qui ce sont, pour un temps, oublié, pour servir sans distinction, des gens qui en avaient besoin.


Le soleil m'aliène

assis sous l'oranger

les prières

couvrant les bruits de Nicosie


d'un côté un enfant

joue les soldats sur le mur

qui sépare la ville


de l'autre

un soldat fait l'enfant

sur le toit d'un bâtiment

qui a connu la tristesse


Est-ce que l'oranger

pourrait signer la trêve?

- Denis Roy


1, Je peux te dire qu'on ne fait pas ce travail pour ces quelques milliers de dollars. Ici, on le fait pour les chums, parce que c'est notre tour – Patrick Kègle dans En terrain miné


2, Depuis un an, j'ai lu plusieurs textes de vétérans et je m'aperçois que ce qui fait le plus souffrir les hommes de guerre, ce n'est pas la crainte d'aller au front, l'incertitude du combat ou la peur de mourir. Non. Ce dont vous témoignez tous, c'est du désarroi face à la souffrance des autres. Vous avez tous mal d'avoir vu des gens souffrir dans des conditions absurdes et de n'avoir pas pu les aider – Roxanne Bouchard dans En terrain miné


3,

C'est en vain qu'on demande au héros son histoire :

Il répond qu'il a fait son devoir simplement.

Il sut être héroïque et ne sait plus comment,

Et ne veut aujourd'hui que chanter la victoire.

- Alonzo Cinq-Mars dans Le retour du héros


4,

J’étais l’amie des maris des autres,

Et la veuve inconsolable de plus d’un

- Anna Akhmatova dans Requiem (1942 durant la 2e grande guerre)


5, Chemin faisant, nous avons passé dans différents petits villages, comme celui de Martin l'Église où j'ai lancé tout mon argent par la porte ouverte d'une maison. Il n'était pas question que les Allemands fassent la noce avec ce qu'il restait de ma paye – Jacques Nadeau dans Dieppe, ma prison


6, Il a soudain l'étrange impression d'avoir vécu sa vie dans le silence, d'avoir tu sa jeunesse au Mexique, de n'avoir jamais parlé qu'à mots couverts des scènes de crime sur lesquelles il enquêtait, d'avoir étouffé le désarroi qu'il rencontrait devant les morts, d'avoir lavé le sang avant de rentrer chez lui afin que rien ne paraisse, d'avoir semé en lui le noyau durci de la souffrance humaine pour mettre sa famille à l'abri et d'avoir ainsi cultivé cet espace aphasique où la solitude a germé – Roxanne Bouchard dans La mariée de corail


7,

Hélas! de vrais soldats criblent de plomb

Les sanglantes cibles le sable blond

- Gilles des Marchais dans Fantaisie Chromatique IV


8,

C’était le temps où le seul à sourire

Était le mort, heureux d’être en repos.

Leningrad n’était plus qu’une annexe inutile

Attachée à ses prisons.

Rendus fous par les supplices,

Les condamnés avançaient en rangs

Et les sifflets des locomotives

Chantaient la brève chanson de l’adieu.

Des étoiles de mort brillaient dans notre ciel.

L’innocente Russie se tordait de douleur,

Sous les bottes sanglantes,

Sous les pneus des fourgons noirs.

- Anna Akhmatova dans Requiem


9,

Avec ce qu'on lui a fait,

comprenons qu'elle hésite à revenir … la paix

- Félix Leclerc


10, L'autre jour, en lisant cette lettre où tu me parlais de l'attentat et de ton inquiétude, je me suis aperçue que mes propos antimilitaristes, je les énonçais avec dureté et que, finalement, j'avais l'air plus agressive avec mon crayon que toi, malgré tes fusils – Roxanne Bouchard dans En terrain miné


11,

Puisque le sort permet qu'il vous retrouve encor,

Il ne se souvient plus des éternelles affres

De la guerre où souffrit son âme avec son corps.


Et nous ne saurions rien sans ses fières balafres

Et sa croix militaire au-dessus de son cœur

Qui ne bat que pour vous et pour vous seule a peur

- Alonzo Cinq-Mars dans Le retour du héros


12,

Mais le firmament est sans pitié;

À la fenêtre c’est la mort qui regarde.

- Anna Akhmatova dans Léningrad (1940)


et pour le plaisir, le retour du petit Harle Couronné dans nos cours d'eau.