06 juin 2021

MOTS À MAUX

Voici mes mots de la semaine (… lundi, je n'y serai pas) :


Mon cœur

est une boule versée

que tu lances à bout de bras

espérant que toujours

quelqu'un la rapporte

- Denis Roy


1,

on est perdu comme des

explorateurs qui découvrent tout

- Patrice Desbiens dans Un Pépin de pomme ...


2,

je t'aime épinglé aux dentelles de l'hiver

par la buée de l'air que tu respires

et le motif de ton agonie sur la vitre

- Kim Veilleux dans La Dérive des Méduses


3,

Nous avons encerclé notre désir

Et nous habitons

Fébrilement

L'étonnement d'être

- Georges Beaulieu dans Écrire avec les poètes


4,

une somme de paroles traverse la densité des corps

l'heur d'être et de panser à nouveau

une blessure si fine qu'un fil délié

une lézarde sur un mur dont l'ossature s'effrite

un mot retenu qui enveloppait la bouche

- Mireille Cliche dans Jours de cratère


5,

Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,

Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :

Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé

Porte le Soleil noir de la Mélancolie

- Gérard de Nerval dans El Desdichado


6,

nous circulons dans nos artères

de connivence avec le vent

les maisons châteaux de cartes

menacées de s'envoler

aussi haut qu'il est possible

de descendre en soi

- Frédérique Marleau dans Visages de Marie


7,

Demi sous-sol de banlieue : ça sent la pluie.

La fenêtre se cache derrière les choses,

et laisse échapper dans un râle

quelques miettes de réverbère.

- Étienne Plante-Tremblay dans Chambré


8,

Reprends ton manteau de solitude, ton baluchon d'abandon et ta route d'incertitude

On dispose de la chambre : ramasse tes nippes de quatre saisons, tes bibelots de caprice et tes livres d'inquiétude

- Simone Routier dans Migration


9,

On prend tous le même chemin,

sans se suivre ou même se voir

- Christian Roy dans Pile ou face


10, Il marcha vers un grand piano brun qu'on avait fait rouler jusqu'au centre de la scène. Il n'avait encore jamais rencontré ce piano. Il s'installa sur le banc, courba la tête au-dessus du clavier et remua les doigts au-dessus des touches avant de les effleurer, comme pour se réchauffer. Il fit courir ses doigts sur les touches, s'enchantant lui-même et enchantant le public.Son jeu faisait penser à des rires s'élevant dans une cour d'école – Heather O'Neill dans Hôtel Lonely Hearts


11, Un soupir me déshabille et je consens à me rendre plus loin – François Charron dans Pour les amants


12,

Je devrai hélas m'élancer dans la foule

Partager cet univers humain qui croule

Devenir ce qu'ils veulent tous que je devienne

pour répartir plus justement notre peine

- Elsa Gravel dans Adieu


et lorsque les nuages nous racontent leur histoire